Assange, Wikileaks, quelques rappels
“La meilleure arme d'une dictature est le secret, mais la meilleure arme d'une démocratie devrait être la transparence.” - Niels Bohr
Le journalisme c'est publier ce que quelqu'un d'autre ne veut pas voir publié. Tout le reste relève des relations publiques. - George Orwell
Suite au buzz récent (août 2014) autour de la vraie fausse sortie prochaine de Julian Assange de l'ambassade d'Équateur, UpLib est au regret de ne pas s'associer à ses collègues de la presse mainstream pour répéter en boucle à quel point nous ne savons rien à ce sujet. Par contre, plutôt que de gaspiller des temps de cerveaux à débiter des ininformations, nous saisissons cette opportunité pour rappeler quelques éléments dans cette affaire tristement emblématique des atteintes étatiques aux libertés.
Rappel préliminaire : Julian Assange n'est inculpé de rien.
Sommaire
Les accusations contre Assange sont fabriquées de bric et de broc
- Le préservatif utilisé comme preuve contre Assange ne contient pas son ADN : http://www.smh.com.au/world/no-assange-dna-on-torn-condom--report-20120916-260vs.html , http://www.dailymail.co.uk/news/article-2203920/Condom-used-evidence-Assange-sex-case-does-contain-DNA.html . Dans d'autres affaires, la justice se montre souvent plus tatillonne quant à la crédibilité du témoin qui a fourni une pareille "preuve".
- Des photos d'Assange et de l'une de ses "victimes", Anna Ardin, 48 heures après les faits : http://wlcentral.org/node/2957 . La même Anna Ardin qui tweete alors : 'Sitting outdoors at 02:00 and hardly freezing with the world's coolest smartest people, it's amazing!'
- Une des deux plaignantes n'a même pas signé sa déclaration de témoin http://blogs.mediapart.fr/blog/mehdi-taileb/060612/la-persecution-de-julian-assange-et-notre-rendez-vous-avec-lhistoire ... quelle est alors la valeur juridique (et morale) de ce document au nom duquel Julian Assange est réclamé ?
- L'officier de police en charge de l'investigation est un ami de l'une des plaignantes http://www.expressen.se/nyheter/expressen-avslojar/interrogator-in-the-assange-case-friend-with-woman-accusing-wikileaks-founder/
- Une infographie pour résumer tout ça : http://andrewbath.com/assang-sunorcell-infographicWEB1-01.jpg
La liste des irrégularités dans le traitement de l'affaire, aussi bien par la justice anglaise que par la justice suédoise, est trop longue pour ce court article de synthèse. Le lecteur intéressé doit consulter les sites spécialisés sur ce dossier, eg : http://justice4assange.com/Prosecution.html , http://wikileaksactu.wordpress.com/2012/08/28/quatre-choses-que-les-medias-ne-vous-disent-pas-sur-assange/ . En juin 2014, pas moins de 59 associations internationales oeuvrant pour les droits de l'homme ont saisi l'ONU pour faire cesser les violations constatées dans cette affaire : https://www.nlg.org/news/releases/nlg-and-nearly-60-international-organizations-urge-un-remedy-human-rights-violations
La "justice" au service de l'état et le deux poids deux mesures
- Les USA refusent d'extrader l'ex président Bolivien, accusé de génocide ... mais réclament Julian Assange http://www.theguardian.com/commentisfree/2012/sep/09/america-refusal-extradite-bolivia
- Faut-il rappeler la liberté dont jouissait Pinochet en Angleterre, et les polémiques, alors qu'il était accusé non pas de viol, mais de crimes contre l'humanité ?
- Pas un seul des crimes de guerre mis en lumière par wikileaks n'a fait l'objet d'investigations ou de poursuites. Les victimes, réelles, se comptent pourtant en centaines.
- Tous ceux qui ont entrainé les US dans la guerre en Irak sur des allégations mensongères (armes chimiques etc) n'ont encore jamais été inquiétés. Pas le moins du monde.
- Pour mémoire, l'état US a refusé de rendre publics les transcriptions (greffier) du procès Manning (c'est dire s'il est fier de ce procès) obligeant la défense à financer son propre sténographe.
- On pourrait aussi s'appesantir sur les attaques informatiques subies par wikileaks et dont les auteurs n'ont été ni recherchés, ni bien sûr identifiés.
- Visa & MasterCard autorisent les donations au Ku Klux Klan, mais ont bloqué Wikileaks.
On pourrait hélas longuement prolonger cette liste. Voilà en 2014 nos "états de droit" à géométrie super-variable. Les fripouilles sont partout dans l'appareil d'état, jusqu'au sommet, et les justes sont persécutés.
Le vrai crime d'Assange
'Government is the Entertainment division of the military-industrial complex.' - Frank Zappa
Le véritable crime de Julian Assange est d'avoir participé à révéler des informations sur les ignominies que commettent quotidiennement les états. Bref, d'avoir fait du journalisme (au sens originel du terme). Et en particulier d'avoir contribué à la diffusion d'une fameuse vidéo sur un massacre de civils depuis un hélicoptère en Irak en 2007 : http://www.youtube.com/watch?v=5rXPrfnU3G0 . Vidéo vue des millions de fois. Crime de guerre toujours impuni. Le contribuable occidental doit absolument continuer à croire aux fariboles de la "noble lutte pour la démocratie au loin" de manière à continuer à financer ces diversions et les bonnes affaires du complexe militaro-industriel. Informer le public sur la réalité d'un conflit est donc effectivement un crime contre les intérêts des groupes qui instrumentalisent l'état à leurs propres fins.
Les accusations pitoyables proférées contre Julien Assange n'ont pas d'autre but que de lui coller un fil à la patte (et également de le salir à peu de frais) pour le ramener aux USA le moment venu et l'y emprisonner pour un demi-siècle à titre d'exemple pour tous les autres whistleblowers de part le monde. L'état apparait ainsi pour ce qu'il est fondamentalement, un ramassis de voyous qui pratiquent l' intimidation de tous, citoyens, journalistes, bloggeurs, lanceurs d'alertes, via la persécution médiatisée de quelques-uns. La surveillance de J. Assange à Londres coûte une fortune au contribuable anglais. Certains qualifient cela de gaspillage ( http://govwaste.co.uk/ ), mais l'état lui ne considère pas cela comme un gaspillage. Ne nous y trompons pas, c'est de facto le coût délibéré d'une intimidation volontairement médiatisée et à destination de nous tous. Mais, à force de s'asseoir sur la légalité, la légitimité et la morale, c'est tout l'édifice démocratique que les inconscients sapent tranquillement.
Julian Assange n'a pas commis de crime contre le peuple américain, il a commis un crime contre l'état américain, enfin du moins contre ceux qui instrumentalisent l'état américain. Le fait qu'il soit persécuté pour avoir révélé des informations à la population montre bien à quel point l'état US (comme tant d'autres) est complètement découplé de la population.
Wikileaks Aujourd'hui
Sans tambours ni trompettes (ce qui est bien normal de la part des médias mainstream) et bien que cela soit rendu compliqué par la non-liberté de mouvement de son fondateur, wikileaks continue de divulguer régulièrement, sur un rythme mensuel/bimensuel, des informations (http://wikileaks.org/). Tout aussi silencieusement, wikileaks a fait des émules de part le monde. En France, mentionnons par exemple le site de Reporter Sans Frontières : https://www.wefightcensorship.org/ ou https://www.frenchleaks.fr/ de Mediapart.
Cet article est un article de synthèse.
Le lecteur intéressé est renvoyé aux liens plus complets (et plus bruts) ayant servi à l'écriture :
Assange , Wikileaks et Manning
Pour un rappel (non exhaustif) des multiples informations rendus publiques grâce à wikileaks, nous renvoyons aussi à un précédent article de Contrepoints : http://www.contrepoints.org/2013/08/22/135721-ce-que-bradley-manning-nous-a-permis-de-connaitre
Les informations et liens complémentaires que les lecteurs voudront bien communiquer sont d'avance bienvenues.
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