Un homme dangereux au Panthéon : Différence entre versions

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* Auteur : Philipp Blom
 
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* Traduction collective , enregistrée le 7 Avril 2014
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* Traducteurs : Seb35, Annick, Samuel, Vincent, KoS, Véro
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Version du 12 janvier 2015 à 12:14


Un homme dangereux au Panthéon

Ce mois d’octobre marque le trois-centième anniversaire de la naissance du philosophe français des Lumières Denis Diderot. Bien qu’on le connaisse surtout pour avoir été co-fondateur de l’Encyclopédie, Philipp Blom pointe l’importance des écrits philosophiques de Diderot ainsi que la manière dont ceux-ci ont été une alternative pertinente au culte de la raison des Lumières mis en avant par ses contemporains plus connus, Voltaire et Rousseau.

Portrait de Denis Diderot peint par Louis-Michel van Loo en 1767 – Source.

Il était temps. Trois cents ans après sa naissance, Denis Diderot est sur les rangs pour recevoir la plus haute distinction que la France puisse conférer à l'un des siens. Le Président François Hollande a annoncé son intention de faire transférer les restes de l'encyclopédiste au Panthéon à Paris, ou, comme la langue française l'exprime si délicieusement, de le faire panthéoniser.

Le Panthéon est un lieu sacré à Paris, non pas parce qu'il a été construit comme lieu de culte du Tout-Puissant, mais parce que les révolutionnaires français en ont fait un site dédié à l'inhumation et à la commémoration des Grands Hommes de la nation, comme la façade le proclame. S'élevant au-dessus du Quartier Latin et éclairé la nuit par des lumières couleur orange vif, le bâtiment avec son imposante coupole représente également la mémoire de la République française, gravée dans la pierre.

Le bâtiment a été construit initialement pour servir d'église, dédiée à Sainte Geneviève, après que Louis XV eut prêté le serment d'honorer la sainte s'il guérissait d'une maladie grave. En raison du coût exorbitant du financement de la volonté et du caprice du monarque, la construction n'a été achevée qu'en 1791. Pendant ce temps, la révolution a balayé le pays. L'église a été désignée comme mausolée pour les grands hommes de la nation, dont le premier, le comte de Mirabeau, y a été admis en 1791, uniquement pour en être exclu trois ans plus tard, lorsque les appartenances/allégeances politiques avaient changé de camp. L'histoire est également aussi soumise aux changements des administrations.

Depuis, le Panthéon a été le théâtre de nombreuses batailles idéologiques, le centre de la consécration de la notion d'identité française et de ses nombreuses métamorphoses. Félix Éboué, membre de l'administration coloniale, est devenu le premier noir français à entrer dans cette terre sacrée, en 1949 et la première femme fut Marie Curie, en 1995. Les inscriptions des sépultures se lisent comme les plus grands succès de l'histoire intellectuelle française, Alexandre Dumas, Victor Hugo, André Malraux, Émile Zola. Les plus célèbres des philosophes inhumés dans la crypte sont deux étoiles de la pensée des Lumières : Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, qui étaient ainsi déjà honorés au cours du dix-huitième siècle, en dépit du fait que le premier ait passé sa vie d'adulte en exil et que le second ne soit même pas français. Les touristes se font souvent photographier devant leurs sarcophages.

Photographie montrant l'entrée du panthéon à Paris, vers 1880 - Source

Aujourd'hui, c'est peut-être au tour de Diderot de recevoir cette consécration laïque. Cet honneur proposé qui n'aurait pas seulement ravi Diderot, l'incroyant passionné qui pensait à la postérité du « paradis pour les athées ». C'est également largement mérité. Diderot, après tout, n'était pas le seul rédacteur de la grande Encyclopédie et de plusieurs romans très influents, d'œuvres philosophiques, de pièces de théâtre et de centaines de lettres amusantes, il a également été la star du salon philosophique du Baron Thierry d'Holbach – lui-même auteur prolifique – qui à son apogée contestable est devenu l'épicentre intellectuel de l'Europe.

Mais les choses ne sont pas aussi simples. D'abord, cet honneur a été refusé de multiples fois à Diderot , plus récemment en 1913. Il était, et est toujours, considéré comme un intellectuel dérangeant, quelqu'un de trop amoureux d'Eros et de la passion érotique, un ennemi implacable de l'Eglise, un incorrigible sceptique quand il s'agit du pouvoir et du droit des individus à décider pour les autres. Ces difficultés pourraient peut-être être surmontées à notre époque tolérante et républicaine. Après tout, Voltaire qui l'a précédé dans ce lieu sacré de la mémoire française nationale, n'était pas non plus un ami de l'Eglise.

Une autre difficulté peut se révéler plus ardue à traiter et plus révélatrice de la vie posthume de Diderot. A proprement parler, nous savons où se situent les os de Diderot. Ils sont dans un ossuaire de l'église Saint-Roch, rue Saint-Honoré à Paris, exactement sous l'autel, à un kilomètre environ du lieu destiné à leur dernier repos. Holbach, incidemment, y repose également, comme de nombreux Français célèbres. Le problème est que nous pouvons savoir où ils sont mais ne pouvons savoir quels os en dessous ont appartenu au philosophe.

Pendant la révolution française, l'ossuaire a été vandalisé par des révolutionnaires excessivement zélés, et le tragique épisode de la Commune de Paris en 1871 a vu une répétition de cette violence posthume. Maintenant l'ossuaire est fermé et il est difficile de savoir dans quel état il se trouve vraiment, mais cela conviendrait difficilement pour le corps d'un matérialiste convaincu, que les os portant son nom dans le sarcophage soient en fait un squelette composite constitué de restes variés issus de son lieu d'inhumation précédent. Peut-être qu'une analyse de l'ADN résoudrait ce problème, mais ce serait loin d'être une tâche simple.

A leur époque, Diderot et ses frères d'armes philosophiques étaient autant révérés que vilipendés, beaucoup lus examinés et on a énormémént écrit sur eux. Le salon d'Holbach pouvait réunir en une seule soirée des lumières telles que Diderot, David Hume, l'économiste et anti-colonialiste Guillaume Raynal, le romancier Lawrence Sterne, Edward Gibbon, Cesare Beccaria, le réformateur italien et opposant à la peine de mort. Le salon n'était pas une école philosophique avec un enseignement rigide mais une conversation permanente entre scientifiques et poètes, athées et croyants, philosophes et praticiens. Appelé "l'ennemi personnel de Dieu", d'Holbach invitait les prêtres et d'autres critiques à sa table et hébergeait même un chapelain dans sa maison d'été, pour dire la messe pour sa belle-mère à l'esprit traditionnel conventionnel.

Portrait du Baron d’Holbach peint par Louis Carmontelle en 1766 – Source.

Les philosophes des lumières radicaux étaient bien liés entre eux, mais plus important encore, leurs écrits effroyablement intransigeants ont été lus et discutés à travers tout l'occident ; Le Système de la Nature, chef-d'oeuvre matérialiste d'Holbach, était mis à l'Index catholique et dut être imprimé et distribué en secret. Il était encore vendu à plus d'une centaine de milliers d'exemplaires au cours de la deuxième moitié du dix-huitième siècle.

Condamnés par l’Église et détestés par la Cour, d'Holbach et Diderot ont été les guides de la libre-pensée et ont directement inspiré les pères fondateurs de l'Amérique. Il est vraisemblable que Franklin ait participé à leurs dîners et aux discussions qui s'ensuivaient ; Jefferson, dont la bibliothèque personnelle témoigne encore de ses centres d'intérêt, lisait et admirait Diderot, D'Holbach, Helvétius et Raynal, ainsi que leurs prédécesseurs intellectuels. Pour la déclaration d'indépendance, il a changé la formulation de Locke pour la poursuite de la vie, de la santé, de la liberté et de la propriété en "recherche du Bonheur", épicurienne et Diderotienne plus appropriée - voir plus : http://publicdomainreview.org/2013/10/02/a-dangerous-man-in-the-pantheon/#sthash.HhRKXJIg.dpuf

Et pourtant ces philosophes des lumières radicaux ont été poussés dans les marges de la mémoire et dans les notes de bas de page de l'histoire des idées. Il est couramment admis que les Lumières sont l'histoire d'un culte de la raison dont les grands prêtres étaient Emmanuel Kant et Voltaire et non l'immense révolution intellectuelle de Diderot et ses amis. Leur relative obscurité n'est pas un mystère insolvable si on compare leur pensée à celle de Voltaire et Rousseau qui critiquaient les excès absolutistes mais pas le pouvoir autoritaire de quelques-uns sur le plus grand nombre ; ils attaquaient l'Eglise mais chantaient les louanges de l'Etre Suprême (le grand horloger) ; leurs vues étaient solidement déistes, autoritaires et ont poussé certains à justifier le pouvoir d'une nouvelle politique post-révolutionnaire. Robespierre a fait de Rousseau le Saint Patron du nouvel Etat, l'a couvert d'éloges et il avait fait sculpter un buste de lui dans une pierre prise de la Bastille.

D’Holbach et Diderot avaient une vision très différente de la nature humaine. En tant que personnes Enthousiasmés de leur siècle pour par la vague de les nouvelles découvertes scientifiques de leur siècle, ils conclurent que la nature avait évolué, qu’elle n’avait pas été créée ; que tout n'était que matériel et qu’il n’y avait pas de place pour les âmes immortelles ; que cela ne consistait en rien si ce n’est que nous sommes nous n'étions que des animaux avec ceci au sein de la nature, dans? un univers vide de sens et sans Dieu. Dans l’environnement clérical oppressant de leur époque, ce dernier point a occupé une part importante de leur attention. Ils attaquèrent le Christianisme dans d’acerbes polémiques ainsi que la foi religieuse en général, en argumentant que ce n’était rien qu’une fiction primitive pensée pour garder les pauvres à leur place et une conspiration des magistrats et des prêtres.

Diderot voyait le plus véritable et le plus grand but de la nature humaine non pas dans la raison mais dans la passion. L’existence de l’humanité est dirigée par Eros par la recherche du plaisir. Cette approche sensualiste avait une conséquence métaphysique importante : dans un monde sans péché, un monde dans lequel où il n’y a pas de Dieu courroucé qui avait condamné la passion et demandé à ses créatures de souffrir sur cette terre pour adoucir le souffle de l’éternelle punition, le but de la vie devient la meilleure réalisation du plaisir, l’éducation du désir en accord avec les lois de la nature. Dans une société sans interférence transcendantale [vérifier - sans intervention transcendante?], la chance poursuite du bonheur doit être accordée à possible pour tous.

Détail du frontispice de l’Encyclopédie (1772) dessiné par Charles-Nicolas Cochin et gravé par Bonaventure-Louis Prévost. L’œuvre est chargée de symboles, le personnage dans le centre représentant la vérité, surmontée d’une lumière éclatante (le symbole central des Lumières). Deux autres personnages sur la droite, la raison et la philosophie, déchirent le voile de la vérité. – Source.

Ces vues étaient l’anathème pour absolument tous ceux qui cherchaient à conserver ou à gagner du pouvoir, depuis l’aristocratie jusqu'aux dictateurs de la Révolution comme Maximilien de Robespierre et Napoléon, tout cela jusqu’à la Restauration Catholique qui a suivi [à vérifier, je manque de références pour être sûr de ce passage ok]. « Les hommes ne seront pas libres tant que le dernier roi n’est ne sera pas étranglé avec les tripes du dernier prêtre » écrivait Diderot — pas le type de message qui puisse plaire à la bourgeoisie du dix-neuvième siècle. Le capitalisme laissez-faire a permis qu’une classe moyenne chrétienne auto-proclamée profite de la misère des travailleurs pauvres sur le continent et dans les colonies. Ils ne pouvaient pas tenir leur position avec Diderot qui devint encore plus acerbe sur la justification du pouvoir, des privilèges, de l’esclavage et de l’expansion coloniale. Ce furent les Lumières modérées de Voltaire qui leur offraient le vocabulaire nécessaire et leur permettaient de se voir eux-mêmes comme garants [ou gardiens] de la civilisation, des Lumières et des valeurs religieuses, se plaçant devant les masses ignorantes par la providence divine [à vérifier].

Les Lumières radicales ont compris et condamné cette structure de pouvoir émergente comme une conspiration des prêtres et magistrats. Leur pensée était évolutionniste bien avant Charles Darwin ; ils défendirent les droits des esclaves avant William Wilberforce et les droits des femmes avant Mary Wollstonecraft. Ils voulurent voir l’accomplissement individuel dans une moralité construite autour de la passion et la justice sociale construite sur le plaisir et le libre arbitre, pas sur la souffrance et l’oppression. Sans surprise, leurs puissantes idées furent des découvertes excitantes pour les révolutions ultérieures ; parmi les ardents lecteurs de Diderot et d’Holbach, on compte Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud.

La censure, les condamnations et la menace d'arrestation ont fait partie de la vie quotidienne de Diderot mais il n'a pas pu anticiper la punition cruelle ou inhabituelle dont ils [ces philosophes] ont souffert après leur mort. La manipulation des faits a commencé lorsque Voltaire et Rousseau ont été enterrés avec faste dans le Panthéon et ont fait l'objet d'éloge comme les penseurs les plus nobles de l'Humanité. Oubliées les cabales politiques de Voltaire, sa position très ambivalente sur les aristocrates qui l'ont maintenu riche et connu ou encore son rapport cynique à la religion comme l'opium des masses. Oubliées les crises de colère de Rousseau et la trahison de ses amis, son plaidoyer pour la dictature. Deux sarcophages, des statues innombrables et des livres gravés [embossed books] ont diffusé leur grandeur et leur intégrité irréprochable.

Voltaire et Rousseau marchent vers leur immortalisation dans le temple français, sur un dessin intitulé "Aux Grands Hommes la Patrie Reconnaissante", les mêmes mots que ceux inscrits au-dessus de l'entrée de la nécropole du Panthéon où les deux hommes sont enterrés - Source.

Au même moment, Diderot et D'Holbach ont été dénoncés comme immoraux, ridicules et sans talents, exclus des programmes de certaines écoles ; leurs ossements ont pourri dans des fosses anonymes, leurs livres ont été imprimés de manière sporadiques et dans de petites éditions. Lorsqu'on en parlaient, Diderot était réduit à un romancier gaulois excentrique et l'éditeur d'une encyclopédie dépassée depuis longtemps et d'Holbach était relégué au statut d'un faible et ennuyeux précurseur de la théorie marxiste. Le salon et ses invités furent rapidement oubliés : la maison parisienne où pendant 25 ans les esprits les plus brillants de l'Europe — Hume les appellaient les "sheikhs de la rue Royale"— se sont rencontrés et ont débattu n'a toujours pas de plaque ou de signe de reconnaissance.

La grande histoire des Lumières rationalistes qui ont libéré l'humanité de la superstitution seulement simplement pour les soumettre à nouveau, cette fois au dictat de la raison et de la rationalisation, correspondait aux intérêts et à l'autoportrait d'une économie conduite par les entrepreneurs et alimentée par un culte de l'efficience et de la main-dœuvre bon marché. Notre propre époque dominée par la fiction du marché auquel il faut obéir et qui serait une sorte d'ancienne divinité et d'une société optimisée par la consommation maximum sont les conséquences directes du culte de la raison des Lumières occulté de moins l'insistance de Diderot pour l'empathie. Nous avons hérité d'une histoire tronquée qui s'est répétée de proche en proche, encourageant tacitement une étroitesse d'esprit qui a peu de ressemblance avec les discussions libres à la lumière des bougies du salon de d'Holbach. L'existence d'une seconde tradition des Lumières, plus radicale, n'est pas niée complétement mais deux siècles de préjugés historiques ont fait leur travail, lentement mais sûrement.

Cela ne changera pas si les ossements de Diderot, ou au moins certains d'entre eux, finissent enfin dans leur lieu de repots honorifique. Il y a déjà un mémorial dédié à sa mémoire au Panthéon mais en tant qu'éditeur de l'Encyclopédie, une image qui lui reste acollée alors que son travail philosophique fut finalement maginalisé puis oublié.

Mais alors que son rôle dans ce magnifique travail colossal fut important au dix-huitième siècle, c'est Diderot le philosophe qui nous parle encore aujourd'hui. Sa défense d'une vie passionnée, de la solidarité et de l'empathie comme les fondations de la moralité, son intérêt pour les sciences comme base de tout savoir et en art de l'Eros comme un moyen de créer du sens n'ont rien perdu aujourd'hui de leur fraîcheur ou de leur nécessité. Le vrai potentiel des Lumières, il l'a dit tant de fois, n'est pas le pouvoir absolu de la raison mais la réhabilitation de la passion comme la base d'une vie bien vécue.

Philipp Blom est né à Hambourg et a été formé en tant qu'historien à Vienne et à Oxford. Ses écrits historiques incluent To Have and To Hold une histoire des collectionneurs et de la collection, Encyclopédie, une histoire de l'Encyclopaediaédie de Diderot et d'Alembert qui a déclenché les Lumières en France, A Wicked Company : The Forgotten Radicalism of the European Enlightenment sur Diderot et le salon du baron d'Holdbach et The Vertigo Years, une histoire culturelle de l'ère de 1900 à 1914 en Europe et aux Etats-Unis. Il contribue régulièrement au Financial Times, à The Independant et au Guardian notamment. Il anime une émission culturelle sur la radio nationale autrichienne, il vit à Vienne. Visitez son site ici.

Liens

  • Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-72) édité par Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert. Internet Archive
  • Oeuvres Completes de Diderot (1876) Internet Archive
  • Le Système de la nature, ou Des lois du monde physique et du monde moral (1889 édition anglaise) par Baron d’Holbach, traduit par H.D.Robinson. Internet Archive



A Dangerous Man in the Pantheon

This October marks 300 years since the birth of French Enlightenment thinker Denis Diderot. Although perhaps best known for co-founding the Encylopédie, Philipp Blom argues for the importance of Diderot’s philosophical writings and how they offer a pertinent alternative to the Enlightenment cult of reason spearheaded by his better remembered contemporaries Voltaire and Rousseau.

Louis-Michel van Loo’s portrait of Denis Diderot painted in 1767 – Source.

It was about time. Three hundred years after his birth Denis Diderot is in line for receiving the highest honour France has to bestow on one of her own. President Francois Hollande announced his intention to have the encyclopedist’s remains transferred to the Panthéon in Paris or, as the French language so deliciously puts it, to have him pantheonisé.

The Panthéon is sacred ground in Paris—not because it was built as a place to worship the Almighty, but because the French Revolutionaries turned it into a site for the burial and commemoration of, as the façade proclaims, the grands hommes of the nation. Rising high above the Quartier Latin and illuminated at night by fiery orange lights, the building with its imposing cupola stands also as the memory of the French republic, cast in stone.

The building was constructed originally as the church of Saint Geneviève after Louis XV had sworn to honor the saint should he recover from a grave illness. Because of the exorbitant costs of financing the monarch’s will and whim, construction was finished only in 1791. Meanwhile, the Revolution swept over the country. The church was designated a mausoleum for the nation’s great men, the first of which, the count of Mirabeau, was admitted in 1791, only to be excluded three years later, when political allegiances had changed. History also is subject to changing administrations.

Since then the Panthéon has been the theatre of many ideological battles, the center of consecration of the French sense of self and its many permutations. Félix Éboué, a member of the colonial administration, became the first black Frenchman to enter into the hallowed ground, in 1949; the first woman, Marie Curie, in 1995. The tomb listing reads like the greatest hits of French intellectual history—Alexandre Dumas, Victor Hugo, André Maulraux, Émile Zola. The most famous philosophers interred in the crypt are two stars of Enlightenment thought: Voltaire and Jean-Jacques Rousseau, who were thus honored already during the eighteenth century—despite the fact that the former spent his adult life in exile and the latter was not even French. Tourists often pose for photographs in front of their sarcophagi.

Photograph showing the view of the entrance to the Panthéon in Paris, circa 1880 – Source.

Now it may be Diderot’s turn to receive this secular consecration. This proposed honour that would not only have delighted the passionate unbeliever Diderot who thought of posterity of ‘heaven for atheists’. It is also richly deserved. Diderot, after all, was not only editor of the great Encyclopédie and of several highly influential novels, philosophical works, plays and hundreds of amusing letters, he was also the star of the philosophical salon of Baron Thierry d’Holbach – himself a prolific author – which in its heyday arguably became the intellectual epicenter of Europe.

But things aren’t quite as easy. First of all, Diderot has been denied this honour multiple times, most recently in 1913. He was, still is, thought of as an intellectual troublemaker, someone all too fond of Eros and erotic passion, an implacable enemy of the Church, an incorrigible skeptic when it comes to power and the right of individuals to decide over others. These difficulties could perhaps be overcome in our tolerant and republican age. After all Voltaire, who has preceded him in the sacred site of French national memory, was also not a friend of the Church.

Another difficulty may prove even more intractable, and more indicative of Diderot’s difficult posthumous life. Strictly speaking, we know where Diderot’s bones are. They are in the ossuary of the église Saint-Roch on the rue Saint-Honoré in Paris, directly under the altar, just a mile or so away from their destined final resting place. Holbach, incidentally, is there too, as are a number of other notable Frenchmen. The problem is that we may know where they are, but not which of the bones down there belonged to the philosopher.

During the French revolution the ossuary was vandalized by over-zealous revolutionaries, and the tragic episode of the Paris Commune in 1871 saw a repetition of this posthumous violence. At present the ossuary is closed and it is difficult to know in which state it really is, but it would hardly be appropriate for the body of a convinced materialist if the bones on the sarcophagus bearing his name would in fact be a composite skeleton made up of various denizens of his former place of burial. Perhaps a DNA analysis would solve this problem, but it would hardly be a straight forward task.

In their own day Diderot and his philosophical brothers in arms were revered and reviled in equal measure, much visited and written about. D’Holbach’s famous salon could assemble on a single evening luminaries such as Diderot, David Hume, the economist and anti-colonialist Guillaume Raynal, the novelist Lawrence Sterne, Edward Gibbon, Cesare Beccaria, the Italian legal reformer and opponent of the death penalty. The salon was not a philosophical school with rigid teachings but an ongoing conversation between scientists and poets, atheists and believers, philosophers and practitioners. Called “the personal enemy of God”, d’Holbach invited priests and other critics to his table and even kept a chaplain at his summer house, to say mass for his conventionally minded mother in law.

Portrait of Baron d’Holbach painted by Louis Carmontelle in 1766 – Source.

The radical Enlighteners were well connected but more importantly, their frighteningly uncompromising writings were read and discussed throughout the Western world; The System of Nature, d’Holbach’s materialist masterwork was on the Catholic Index and had to be printed and distributed in secret. It still sold more than a hundred thousand copies during the second half of the eighteenth century.

Condemned by the Church and hated by the Court, d’Holbach and Diderot were beacons of free thinking and directly inspired the America’s Founding Fathers. Franklin is likely to have participated at the dinners and ensuing discussions; Jefferson, whose personal library still testifies to his interests, read and admired Diderot, d’Holbach, Helvétius, and Raynal, as well as their intellectual predecessors. For the Declaration of Independence, he transformed the Lockean formulation for the pursuit of life, health, liberty, and property into the more properly Epicurean and Diderotean “pursuit of Happiness.”

And yet the radical enlighteners have been pushed into the margins of memory and the footnotes of the history of thought. The Enlightenment is, in our common school understanding at least, the history of a cult of reason whose high priests were Immanuel Kant and Voltaire, not the huge intellectual revolution of Diderot and his friends. Their relative obscurity is not an unsolvable mystery if one compares their thinking to that of Voltaire and Rousseau, who criticized absolutist excess but not the authoritarian rule of the few over the many; they attacked the Church but sung the praises of the “highest being”; their views were solidly deist and authoritarian and lent themselves to justifying the power of a new, post-Revolutionary politics. Robespierre made Rousseau the patron saint of the new state, heaped him with praise and had a bust of him carved from a stone taken from the Bastille.

D’Holbach and Diderot had a very different vision of human nature. Enthusiastic followers of their century’s tidal wave of new scientific discoveries, they concluded that nature was evolved, not created; that it was all material and had no place for immortal souls; that it consisted of nothing but matter and that we are animals within it, a universe empty of sense and without God. In the oppressively clerical environment of their day this last point took a good deal of their attention. In sharp polemics they attacked Christianity and religious faith in general, arguing that it was nothing but a primitive fiction designed to keep the poor in their place, a conspiracy of magistrates and priests.

Diderot saw the truest and the highest goal of human nature not in reason, but in lust. Humanity’s existence is driven by Eros, by the search for pleasure. This sensualist approach had an important metaphysical consequence: in a world without sin, a world in which no wrathful God has condemned all lust and demands suffering from his creatures on this earth in order to soften the blow of eternal punishment, the goal of life becomes the best possible realization of pleasure, the education of desire in accordance with natural laws. In a society without transcendental interference, this chance, the chance of the pursuit of happiness, must be given to all.

Detail from the frontispiece of the Encyclopédie (1772) drawn by Charles-Nicolas Cochin and engraved by Bonaventure-Louis Prévost. The work is laden with symbolism, the figure in the centre representing truth, surrounded by bright light (the central symbol of the Enlightenment). Two other figures on the right, reason and philosophy, are tearing the veil from truth. – Source.

These views were anathema to just about everyone who sought to maintain or gain power, from the aristocracy to Revolutionary dictators such as Maximilien de Robespierre and Napoleon, all the way up to the Catholic Restoration that followed. “Men will not be free until the last king is strangled with the guts of the last priest,” wrote Diderot—not the kind of message to appeal to the nineteenth-century bourgeoisie. Laissez-faire capitalism allowed a self-proclaimed Christian middle class to profit from the misery of the working poor, at home and in the colonies. They could not argue for their position with Diderot, who became ever more scathing about the justification of power, privilege, slavery, and colonial expansion. It was Voltaire’s moderate Enlightenment that offered them the necessary vocabulary and allowed them to see themselves as the guardians of civilization, Enlightenment and religious values, put above the ignorant masses by divine providence.

The radical Enlighteners had understood and condemned this emergent power structure, as a ‘conspiracy of priests and magistrates’. Their thought was evolutionist long before Charles Darwin; they defended the rights of slaves before William Wilberforce and of women before Mary Wollstonecraft. They wanted to see individual fulfillment in a morality built around lust and social justice in a society built on pleasure and free choice, not on pain and oppression. Their potent ideas were unsurprisingly intoxicating discoveries for latter-day revolutionaries; among d’Holbach and Diderot’s ardent readers were Karl Marx, Friedrich Nietzsche, and Sigmund Freud.

Censorship, condemnations, and the threat of arrest had been a fact of life for Diderot, but he could not anticipate the cruel or unusual punishment that they might suffer after their deaths. The twisting of facts and relationships began as Voltaire and Rousseau were ceremonially laid to rest in the Panthéon and eulogized as the noblest minds of humanity. Forgotten were Voltaire’s political cabals, his role as creditor to the very potentates he apparently attacked, his highly ambivalent stance to the aristocrats who kept him rich and famous and his cynical stance to religion as opium for the masses. Forgotten were Rousseau’s tantrums and his betrayal of friends, his advocacy of dictatorship. Two sarcophagi and countless busts and embossed books broadcast their grandeur and unimpeachable probity.

Voltaire and Rousseau taking a walk toward their immortalisation in the French canon, in a drawing entitled “Aux Grands Hommes la Patrie Reconnaissante” (To the Great Men, the Grateful Homeland), the same words inscribed above the entrance to the Panthéon necropolis where the two men are buried – Source.

At the same time Diderot and d’Holbach have been denounced as immoral, ridiculed as talentless, kept out of some school syllabi; their bones moldered in an anonymous heap, their books were printed only sporadically and in small editions. When spoken of, Diderot was softened into an eccentrically Gallic novelist and editor of a long-outdated encyclopedia and d’Holbach was relegated to the status of a dim and boring precursor of Marxist theory. The salon and its guests were quickly forgotten: the Parisian house where for twenty-five years Europe’s most brilliant minds—‘Sheiks of the Rue Royale’ Hume called them—met and debated still bears no plaque or visible recognition of any kind.

The grand narrative of a rationalist Enlightenment that freed humanity from superstition only to subjugate it once again, this time to the dictates of reason and rationalization, suited the interests and self-image of an economy driven by entrepreneurship and fuelled by a cult of efficiency and cheap labor. Our own time dominated by the fiction of the market that needs to be obeyed and placated like an ancient deity and a society optimized for maximum consumption are a direct consequence of the Enlightenment cult of reason without the Diderotian emphasis on empathy. We have inherited the truncated history and repeated it to one another, tacitly encouraging a narrowness of thought that bears little resemblance to one of the freewheeling exchanges over candlelight at d’Holbach’s salon. The existence of a second, more radical Enlightenment tradition is not denied completely, but two centuries of historical bias have done their work, slowly but surely.

This will not change if Diderot’s bones, or some of them, really make it to their new and honorific final resting place. There is already a memorial dedicated to him in the Panthéon – as the editor of the Encyclopédie, the image he got stuck with as his philosophical work was marginalized and finally all but forgotten.

But while his role in this magnificent mammoth work was important for the eighteenth century, it is Diderot the philosopher who can still speak to us today. His advocacy of a passionate life, of social solidarity and empathy as the foundations of morality, his interest in science as the basis of all knowledge and in art as and Eros as ways of creating meaning have lost nothing of their freshness, or their necessity. The real potential of the Enlightenment, he says time and again, is not the absolute rule of reason, but the rehabilitation of passion as the basis of a life well lived.

Philipp Blom was born in Hamburg and trained as a historian in Vienna and Oxford. His historical works include To Have and To Hold, a history of collectors and collecting, Encyclopédie, a history of the Encyclopaedia by Diderot and d’Alembert that sparked the Enlightenment in France, A Wicked Company: The Forgotten Radicalism of the European Enlightenment on Diderot and Baron d’Holbach’s salon, and The Vertigo Years, a cultural history of the era 1900 to 1914 in Europe and the United States. He frequently contributes articles to the Financial Times, the Independent, and the Guardianamong others. A host of cultural programming on Austrian National Radio, he lives in Vienna. Visit his website here.

Links to Works

  • Early philosophical works (1916) by Denis Diderot, translated and edited by Margaret Jourdain Internet Archive
  • The system of nature, or, Laws of the moral and physical world (1889 English edition) by Baron d’Holbach, translated by H.D.Robinson. Internet Archive
  • The Paradox of Acting (1883 English edition) by Denis Diderot, translated by Walter Herries Pollock. Internet Archive
  • Diderot and the Encyclopaedists (1878) by John Morley. Internet Archive: Vol.1 & Vol.2 Project Gutenberg



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