Keeping the Bubble-Boom Going/fr

De WikiUpLib
Aller à : navigation, rechercher

<addthis />

Fin des taux directeurs à zéro ? par Thorsten Polleit

C'est censé vous faire penser à Cetelem !


La Réserve fédérale américaine joue avec l'idée de relever les taux d'intérêt, peut-être dès septembre de cette année. Après une période de taux d'intérêt quasi-nuls de six ans, une montée en puissance des coûts d'emprunt aura certainement d'énormes conséquences. Ce sera comme enlever le bol de punch sur lequel tout le plaisir de la soirée repose.

Les taux faibles de la Banque centrale ont alimenté l'inflation des prix des actifs

La situation actuelle a, bien sûr, sa propre histoire. Vers le milieu des années 1990, la politique monétaire expansionniste de la Fed - celle du président Alan Greenspan - a conduit à la bulle de la "nouvelle économie". Un accès facile au crédit et une expansion monétaire ont entraîné un gonflement des prix des actifs, en particulier des prix des actions et de leurs valorisations.

Une brève histoire des taux d'intérêt bas

Lorsque cette bulle a éclaté, la Fed a réduit les taux de 6,5% en janvier 2001 à 1% en juin 2003. Elle a maintenu les taux d'emprunt à ce niveau jusqu'en juin 2004. Cette politique assouplie de la Fed a non seulement stoppé le ralentissement du crédit bancaire et de l'expansion monétaire, mais il a aussi semé les graines d'une bulle du crédit sans précédent qui a décollé dès mi-2002.

Lorsque la Fed y a mis fin en remontant les taux jusqu'à 5,25% en juin 2006, le boom du crédit fut quasi-condamné. La récession qui a suivi a généré la crise financière et économique la plus grave depuis la fin des années 20 et du début des années 30. Elle a impacté non seulement les États-Unis, mais aussi l'économie mondiale à une plus grande échelle.

Grâce aux idées de l'école autrichienne, nous connaissons la vraie source de tout ce mal. La cause profonde est la production de fausse monnaie des banques centrales à partir de rien. Ceci induit, nécessairement, un enchaînement d'expansions et de récessions, apportant grande misère à beaucoup de gens et d'entreprises et, à terme, ruinant le système monétaire et économique.

Les banques centrales - en coopération avec les banques commerciales - créent de l'argent supplémentaire via une expansion du crédit, abaissant ainsi artificiellement les taux d'intérêt du marché en dessous du niveau qui prévaudrait s'il n'y avait pas d'expansion du crédit et de création monétaire.

Une telle bulle finira en récession lorsque le crédit et l'expansion monétaire s'assècheront et que les taux d'intérêt monteront. Dans For A New Liberty (1973), Murray Rothbard a émis cette idée de façon succincte:

«  "Comme le dopage répété d'un cheval, la bulle est maintenue sur son chemin et à l'écart de son inévitable punition par des doses répétées et accélérées de stimulation du crédit bancaire. Ce n'est que lorsque l'expansion du crédit bancaire doit enfin s'arrêter ou fortement ralentir, soit parce que les banques sont fragilisées, soit parce que le public devient rétif à l'inflation continue, que le châtiment rattrape finalement la bulle. Dès que l'expansion du crédit s'arrête, le tribut doit être payé, et les réajustements inévitables doivent liquider les sur-investissements malsains liés à la bulle et réorienter l'économie vers la production de biens de consommation. Et, bien sûr, plus la bulle est maintenue dans le temps, plus les mauvais investissements devant être liquidés sont importants, et plus les réajustements devant être faits sont douloureux."  »

Pour maintenir la bulle, davantage de crédit et davantage de monnaie sont nécessaires, fournis à des taux d'intérêt toujours plus bas. D'une certaine manière les banquiers centraux du monde entier semblent connaître cette vision économique, vu que leurs politiques tentent désespérément d'encourager davantage de prêts bancaires et de création monétaire.

Pourquoi augmenter les taux maintenant?

Pourquoi alors les responsables de la Fed veulent-ils augmenter les taux? Peut-être que certains pensent qu'une politique de taux zéro de facto ne se justifie plus, vu que l'économie américaine montre des signes de retour à une croissance positive et durable, ce que les statistiques officielles semblent suggérer.

D'autres pourraient craindre que les investisseurs du marché du crédit vont quitter le navire une fois qu'ils seront convaincus que les taux d'intérêt américains resteront au plus bas pour toujours. Une telle attente pourrait porter un coup lourd, sinon mortel, aux marchés de crédit, faisant s'écrouler le système de la monnaie papier sans ancrage (unbacked paper money).

De toute manière, si les membres de la Fed font suivre leurs paroles par des actes, ils pourraient bientôt apprendre que les fantômes qu'ils ont appelés vont bel et bien apparaître - et ne vont peut-être pas disparaître. Par exemple, la hausse des taux américains va aspirer des capitaux du reste du monde, tirant ainsi le tapis sous les pieds de nombreux marchés émergents et développés.

Qui plus est, les conditions de crédit et de liquidité du monde entier vont se resserrer, provoquant chez les gouvernements affamés de crédit, les banques, et les consommateurs un réveil douloureux après avoir surfé sur la vague du crédit pas cher depuis un certain temps.

La Chine, qui a dévalué le taux de change du renminbi par rapport au dollar américain par un total de 3,5% les 11 et 12 août, semble avoir envoyé le message qu'elle ne veut pas suivre la politique de la Fed - et par sa dévaluation fait apparaître l'intention de hausse des taux de la Fed comme une entreprise extravagante.

Une normalisation des taux d'intérêt, après des années de taux d'intérêt trop bas, n'est pas possible sans un effondrement probable de la production et de l'emploi. Si la Fed va de l'avant avec son plan visant à augmenter les taux, les temps seront durs pour le système économique et financier mondial.

Par mesure de sécurité: ce serait la bonne chose à faire. Plus la bulle artificielle arrive à son terme tôt, plus la récession-dépression débute tôt, ce qui est un inévitable processus d'ajustement de l'économie afin de permettre la mise en place d'une reprise économique solide.


L'article original (sous licence CC) : https://mises.org/library/keeping-bubble-boom-going
par Thorsten Polleit
Traduit par Hayek's Plosive (via http://liberaux.org)


« Nous n'avons pas besoin de banque centrale, puisque nous n'avons pas besoin de création monétaire. Dans toute l'histoire de l'humanité, nous n'avons pas eu de banque centrale, jusqu'à une époque récente. Il n'y a jamais eu autant d'instabilité, de crises monétaires et d'inflation, depuis que les banques centrales existent. » — Pascal Salin

« La banque centrale joue un rôle clé entre l’État et les banques commerciales : c’est son existence qui permet une croissance ininterrompue de la dette publique. » — Gabriel Gimenez-Roche


Actualité et pages connexes


Liens



<addthis />