René Thom/Stabilité structurelle et morphogenèse

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Citations

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  • « Anthropomorphiquement parlant, on pourrait presque dire que la vie, c’est la conscience de l’espace (et du temps) ; une certaine représentation de l'espace est commune à tous les êtres vivants, et la compétition pour l'espace est l'une des formes primitives d'interaction biologique. » (1968, SSM)
  • « (...) c'est sans doute moins dans la reproduction que dans cette fonction régulatoire fondamentale qu'est la prédation que se trouve la racine de l'Imaginaire. »
  • « Le modèle universel. On peut se faire une idée de ce modèle universel par la métaphore que voici : d'où provient en dernière analyse, la vie sur notre planète ? Du flux continuel d'énergie lumineuse émis par le soleil. Les photons solaires arrivés au contact du sol ou de l'eau des océans, y sont immédiatement stoppés et leur énergie se dégrade brutalement en énergie thermique. Il en résulte que la surface de discontinuité définie par la terre et l'eau est aussi une onde de choc, une véritable falaise où s'effondre la néguentropie du rayonnement solaire. On peut considérer la vie comme une érosion en quelque sorte souterraine de cette falaise qui lisse la discontinuité. Une plante par exemple, n'est autre chose qu'un déferlement de la terre en direction de la lumière et la structure ramifiante des tiges et des racines est celle même qu'on observera sur un cours d'eau ravinant la falaise et finissant sur un cône d'éboulis. Les plastides, véritables pièges à photons, sont les orifices minuscules où s'amorce cette circulation souterraine. L'énergie stockée sous la forme noble d'énergie chimique, commence sa lente dégradation. Comme un fluide, elle dévale souterrainement la falaise et sa circulation réalise à l'envers la pyramide écologique des êtres vivants. Chaque espèce vivante est une singularité structurellement stable, une chréode de cette circulation. De même qu'en hydrodynamique, en régime de turbulence, l'énergie s'écoule des oscillateurs de basse fréquence vers les oscillateurs à haute fréquence pour finir dans le chaos thermique, ainsi dans la vie, les êtres à métabolisme lent (végétaux) sont la proie de ceux à métabolisme plus rapide (animaux). »
  • « il n'y a pas de « phénomènes », ni de phénoménologie sans discontinuités perceptibles au sein d'un milieu continu »
  • « Le propre de toute forme, de toute morphogenèse, est de s'exprimer par une discontinuité des propriétés du milieu; »
  • « depuis la découverte des lois de Mendel et les progrès de l'analyse des macromolécules, on a eu tendance à sous-estimer l'aspect dynamique et continu des phénomènes vitaux, en surestimant l'importance des chromosomes considérés comme les éléments directeurs de tout le métabolisme vital. »
  • « la philosophie dominant actuellement (...) fait de l'analyse d'un système en ses ultimes constituants la démarche première à accomplir pour en révéler la nature. Il faut rejeter comme illusoire cette conception primitive et quasi cannibalistique de la connaissance, qui veut que connaître une chose exige préalablement qu'on la réduise en pièces, comme l'enfant qui démolit une montre et en éparpille les rouages pour en comprendre le mécanisme. (...) Notre méthode qui vise à attribuer à l'être vivant une structure géométrique formelle en assurant la stabilité, peut être caractérisée comme une sorte de vitalisme géométrique ; »
  • « l'essentiel de la méthode préconisée dans cet ouvrage consiste à admettre a priori l'existence d'un modèle différentiel sous-jacent au processus étudié et, faute de connaître explicitement ce modèle, à déduire de la seule supposition de son existence des conclusions relatives à la nature des singularités du processus. De ce fait, certaines conséquences de caractère local et qualitatif pourront s'obtenir de l'existence hypothétique du modèle ; on fait du quantitatif, mais sans jamais calculer (ou presque) et l'on obtient des résultats qualitatifs. »
  • « L'étude récente de diverses enzymes (le lysozyme, par exemple) a montré l'aspect éminemment morphologique de bien des réactions enzymatiques; on voit les molécules se palper, se pincer, se tordre, se déchirer presque comme des êtres vivants ; il ne faut pas s'en étonner ; »
  • « Il me semble difficile d'éviter la conclusion que le métabolisme a un effet, sans doute très faible, mais à longue portée peut-être dominant, sur la statistique des mutations. C'est grâce à cet effet à longue portée qu'on peut s'expliquer le principe variationnel de complexité minimum et l’adaptation croissante des processus biologiques, qui conduisent à la finalité. »
  • « toute la plaque neurale s'invagine à l'intérieur, le mésoderme restant fixe ; c'est là l'effet de la neurulation. Le neurocèle représente finalement l'espace à l'infini dans cette transformation, qu'on pourrait regarder symboliquement comme l'absorption par l'animal de l'espace ambiant où il aura à vivre. »
  • « L'interprétation du neurocèle comme « support à l'infini » du monde extérieur trouve une étrange confirmation dans l'extrémité céphalique de cette cavité. On sait que, dans l'encéphale, elle se divise en deux cornes qui sont les vestiges des cavités intérieures aux pédoncules des vésicules optiques lors de la formation des yeux. Ainsi, on peut dire que le neurocèle aboutit du côté céphalique à la rétine des yeux, qui est précisément la zone nerveuse spécialisée dans une simulation particulièrement précise des phénomènes extérieurs lointains. »
  • « il y a une certaine incompatibilité entre l'immortalité de l'individu et les possibilités évolutives ultérieures de l'espèce. La mort serait alors le prix à payer pour préserver toutes les possibilités de perfectionnement futur de l'espèce. »
  • « le développement d'un embryon est reproductible et de ce fait, objet de science. La vague de l'évolution, elle, ne l'est pas. Affirmer qu'un phénomène unique et non reproductible se déroule conformément à un plan, est le type même des affirmations gratuites et oiseuses. »
  • « Le processus d'élimination des significations abusives est certainement l'un des aspects les plus fondamentaux de la pensée ; une phrase comme « trois est le plus parfait de tous les nombres » qui semblait une vérité d'évidence à l'époque de Platon, a perdu toute signification aux yeux de l'homme d'aujourd'hui. Par quel mécanisme psychologique l'esprit est-il parvenu à épurer le discours de ces pseudo-signifiants ? Le sens du comique, du ridicule, a certainement joué un rôle dans cette évolution. »


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