Le Loup et Le Chien

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Le Loup et le Chien ... ou la télévision et internet

Cette bonne télé, cette fidèle télé, si bien nourrie à la bonne redevance, qui nous distille toutes les minutes, tous les jours, toutes les semaines, la bonne propagande étatique si ruisselante de bien-pensance et si propre à faire durer le bon système.
Ce vilain internet, où l'on ne peut pas bien contrôler la circulation de l'information. Où les gens organisent eux-mêmes le tempo de ce qu'ils veulent dire ou entendre.


Le Loup et le Chien

Jean de la Fontaine ( 1668)

Livre I, Fable 5

Le Loup et le Chien
Un loup n’avait que les os et la peau,
Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli , qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers ,
Sire loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le loup donc, l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint, qu’il admire.
« Il ne tiendra qu’à vous, beau sire,
D’être aussi gras que moi, lui répartit le chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? rien d’assuré ; point de franche lippée ;
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez moi, vous aurez un bien meilleur destin. »
Le loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
-Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens
Portants bâtons et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. »
Le loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse
Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé.
"Qu’est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? -Peu de chose.
Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu’importe ? -
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor."
Cela dit, maître loup s’enfuit, et court encor.


NB : "Nous trouvons trois sources probables à cette fable Esope et son poème « L’Ane sauvage et l’Ane domestique » ; Phèdre et sa fable III, 7 ; l’auteur comique latin Térence (185 - 159 avant J.-C) et son « Eunuchus »." (http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=5)


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