Why Decentralized Planning Is Superior/fr

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Pourquoi la planification décentralisée est-elle supérieure à la bureaucratie et au socialisme, par Robert Murphy

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Pour les intellectuels du début du XXe siècle, le capitalisme ressemblait à l’anarchie. Pourquoi, se demandaient-ils, ferions-nous confiance à des indications réfléchies quand nous construisons une maison mais pas quand nous construisons une économie ?

A cette époque, il était à la mode chez les intellectuels socialistes d’adhérer à la théorie de la planification, vue alors comme une façon bien plus rationnelle d’organiser l’activité économique. (F.A. Hayek a d’ailleurs écrit un célèbre essai sur ce phénomène). Les raisons de cette préférence pour la planification centralisée étaient pourtant complètement confuses, à la fois conceptuellement et empiriquement.

Ludwig Von Mises leur a répondu de la meilleure des façons, en faisant remarquer qu’il y a également de la « planification » dans une économie de marché. La différence tient au fait que la planification est décentralisée dans le marché, éparpillée entre des millions d’entrepreneurs et de propriétaires de ressources, incluant les travailleurs. Ainsi, dans le débat entre socialisme et capitalisme, la question n’est pas « Devrait-il y avoir une planification économique ? », mais plutôt « Devrait-on restreindre la charge de la conception du plan à quelques supposés experts désignés par un processus politique, ou devrait-on ouvrir les vannes et recevoir les données de millions de personnes qui pourraient avoir connaissance d’éléments essentiels ? ».

La seconde question est connue sous le nom du « problème de connaissance » (knowledge problem). Hayek faisait remarquer que, dans le monde réel, l’information est dispersée parmi une myriade d’individus. Par exemple, un directeur d’usine à Boise pourrait connaitre des éléments très détaillés sur les machines de sa ligne d’assemblage, que les planistes socialistes de Washington ne pourraient tout simplement pas prendre en compte lorsqu’ils dirigent les ressources productives de la nation. Hayek soutient que le système des prix dans une économie de marché peut être comparé à un « système de télécommunications » géant, qui transmettrait rapidement les bits indispensables de connaissances d’un nœud localisé à un autre. Un tel agencement « web » (c’est de moi) n’a pas besoin d’une hiérarchie bureaucratique dans laquelle chaque bit d’informations doit remonter la chaine de commandement, être traité par les experts en chef puis ensuite redescendre jusqu’aux subordonnées.

De manière complémentaire avec le problème de la connaissance dispersé d’Hayek, que nous comprenons mieux à présent, Mises a mis l’accent sur le problème de calcul de la planification socialiste. Même si l’on suppose que les planificateurs socialistes ont accès à toutes les informations techniques récentes à propos des ressources de production et ont tout le savoir-faire des ingénieurs à leur disposition, ils ne seraient toujours pas en mesure de planifier les activités économiques de la société. Ils seraient dans « le noir ».

Par définition, dans un régime socialiste, un groupe (les personnes dirigeant le pays, si l’on parle d’une organisation politique) possède toutes les ressources productives importantes – usines, forêts, terres, puits de pétrole, navires de charge, chemins de fer, entrepôts, eau, gaz, électricité…etc. Dans cette hypothèse, il ne peut y avoir aucun marché concurrentiel pour les « moyens de productions » (pour utiliser le terme de Karl Marx), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de véritable prix pour ces articles.

A cause de ces faits inévitables, Mises soutient qu’aucun décisionnaire socialiste ne peut évaluer l’efficacité de son plan économique, même à postériori. En effet, celui-ci aurait une liste de ressources allouées à un processus précis – tant de tonnes d’acier, de caoutchouc, de bois et tant d’heures de travail humain. Il pourrait analyser les différences entre ces ressources et les biens produits – tant de maisons, de voitures ou de bouteilles de soda. Toutefois, comment le planiste socialiste saurait-il s’il doit continuer à produire cette quantité de biens à l’avenir, ou s’il doit augmenter ou réduire son volume de production ? Une utilisation différente de ces ressources produirait-elle un meilleur résultat ? Il n’en a tout simplement aucune idée. Sans les prix de marché, il n’existe pas de façon objective de comparer les ressources consommées par un processus de production précis avec les biens et services produits.

En revanche, le système des profits et des pertes fournit un retour critique dans une économie de marché. L’entrepreneur peut demander à des comptables d’attacher les prix de marché aux ressources consommées et aux biens et services produits par un processus précis. Bien que cela ne soit pas parfait, une telle méthode fournit au moins une direction. Ainsi, pour le dire simplement, une entreprise rentable est une entreprise qui affecte des ressources rares aux besoins que les consommateurs estiment le plus, comme leurs décisions en termes de dépense le démontrent.

A l’inverse, qu’est-ce que cela signifie si une entreprise n’est pas rentable ? Cela signifie que ses clients ne sont pas prêts à dépenser assez d’argent dans les biens produits pour recouvrer leurs dépenses monétaires (incluant les intérêts) nécessaires à l’achat de ces ressources. Et la raison pour laquelle ces ressources ont des prix de marchés qui leur sont propres tient au fait que d’autres entreprises parient sur eux. C’est pourquoi, selon l’interprétation de Mises, une entreprise non rentable détourne les ressources de canaux productifs dans lesquels les consommateurs préféreraient (indirectement et implicitement) que les ressources soient utilisées.

On ne doit jamais oublier que le problème économique n’est pas de se demander « s’il est préférable d’allouer ces ressources rares à un projet X qui rendrait au moins quelques personnes plus riches ou de ne rien faire de ces ressources ». Il faut plutôt se demander « si allouer ces ressources rares à un projet X rend les gens plus riches qu’allouer ces ressources à un projet Y ».

Pour répondre à cette question, nous avons besoin d’intégrer les ressources et biens produits hétérogènes dans un dénominateur commun : un système de prix. C’est pourquoi Mises met l’accent sur la suprématie de la propriété privée et sur l’utilisation d’une monnaie fiable, ces deux éléments étant les piliers d’une allocation des ressources rationnelle.


L'article original (sous licence CC) : http://fee.org/freeman/capitalists-have-a-better-plan/
par Robert P. Murphy
Traduction par Rusty (via http://liberaux.org)


Imaginant que tout ordre est le résultat d'un dessein, les socialistes en concluent que l'ordre pourrait être amélioré par un meilleur dessein émanant de quelque esprit supérieur. Le socialisme mérite pour cette raison une place dans tout inventaire sérieux des diverses formes d'animismes. - Friedrich Hayek

Le slogan selon lequel il faudrait absolument « faire quelque chose » perd beaucoup de sa séduction pour quiconque s’est aperçu que ceux qui veulent agir ainsi n’ont absolument aucune conscience de ce qu'ils font. - Ludwig von Mises

Le commerce et les affaires, s'ils n'avaient pas de ressort propre, n'arriveraient jamais à rebondir par-dessus les embûches que les législateurs leur suscitent perpétuellement et, s'il fallait juger ces derniers en bloc sur les conséquences de leurs actes, et non sur leurs intentions, ils mériteraient d'être classés et punis au rang des malfaiteurs qui sèment des obstacles sur les voies ferrées. - Henry David Thoreau


Commentaires

Aux observations ci-dessus, on peut ajouter que l'étatisme et le socialisme sont, en pratique, une simple tentative de remplacer des interactions innombrables entre individus, par une restriction par la force de la circulation de l'information, réservée à une élite éclairée et sa bureaucratie aux ordres. Cette tentative de monopole n'ayant évidemment pas d'autre fin que le pouvoir ou l'enrichissement (ou les 2) des intéressés. En pratique, cela revient in fine à l'organisation bureaucratique (et sans fin) de pénuries pour tous, en contrepartie du profit de quelques-uns. Pénurie immobilière, pénurie de transports, pénurie culturelle (la culture d'état n'est qu'une branche (et encore on est généreux) de la culture), aucun secteur important de l'économie n'échappe au racket des bandes qui tiennent l'état.

L'avènement de l'internet (et autres réseaux) vient évidemment contrarier tout cela. Il n'y a donc aucun hasard dans le fait que l'oligarchie déploie tant d'efforts pour tenter de soumettre internet à sa botte.
La bataille entre liberté d'information et marché d'un coté, et monopole de l'information, tuyauteries forcées et strictement contrôlées/tenues et pénuries organisées de l'autre est une bataille pleinement en cours. Bien malin qui en connait déjà l'issue. Une chose semble sûre, les oligarques au pouvoir emploieront tous les moyens en leur pouvoir, y compris et surtout la violence physique, pour ne pas lâcher les rennes. Il s'agit de parasites improductifs, absolument incapables de vivre autrement que par prélèvement contraint sur autrui. C'est donc leur survie qui est en jeu et ils la défendront quel que soit le prix à payer pour les populations. L'organisation, de toutes pièces, de conflits et de guerres, fait bien sûr partie de la panoplie d'ignominies dans leurs boites à outils. Ne pas être conscient de cela (et ne pas l'anticiper un peu) c'est s'exposer à d'éventuelles très mauvaises surprises.

L'économie administrée revient à emprisonner le vivant dans des structures rigides non seulement préconçues et forcément inadaptées, mais en plus issues des cerveaux les plus malades, malsains et corrompus de la société.


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